Lise Biron artiste

Ils se sont connus à l'école, au primaire, en 2e année. Un gars premier de classe! Quand il est arrivé en maternelle, les enseignants observaient les petits nouveaux et spéculaient déjà sur ceux qui les épateraient tout au long de leur parcours. Il y avait ce gars qui sautait comme une grenouille autour de laquelle se regroupaient de futurs badauds. 

Toujours est-il que ce gamin, ayant compris le système -- un gars ne doit pas performer à l'école -- demanda à l'institutrice de taire sa note quand il avait 100/100. Il faut avouer qu'une telle réaction est plutôt rare, alors on s'empressa d'alerter la maman de ce prodige. «Madame, votre fils devrait consulter un psychologue, car il ne veut pas que je dise sa note quand elle est parfaite». «C'est gentil de m'en informer, mais je crois que je peux régler ce petit problème, moi-même.»

L'institutrice était la mère de Jacynthe et habitait une demeure dont le sous-sol habitait une chapelle depuis que la piscine coulait et qu'on n'en avait pas trouvé la cause; on interpréta que c'était un message de la Ste-Vierge qui voulait sa chapelle en ces lieux.

Les années passent, chacun fait sa vie, chacun crée sa famille, fait des petits.

Dans le monde d'aujourd'hui, les communications se font à une vitesse inimaginable; on additionne les amis sur Facebook et on raconte à tous, sans gène, ses humeurs. C'est ainsi que Jacynthe et Yvon se retrouvent chacun seul avec ses héritiers et tous les amis des médias sociaux sont au courant! 

On se retrouve à la patinoire locale en famille et, puis un jour, on couche dans le même lit.

Le jeune homme, convoité par plusieurs, très beau, diplomate avec tous, est un cadeau pour Jacynthe qui se maquille à la Cléopâtre, joue à la grande dame et se permet d'envoyer une lettre de remerciement à la mère du beau jeune homme: «Madame je vous remercie d'avoir mis au monde cette merveille qui me donne chaque jour le goût de vivre intensément».

Mais le bonheur parfait n'existe pas en ce bas monde. 

Qui n'est pas affligé en apprenant que la femme aimée est atteinte d'un cancer? Que fait cet homme devant une telle catastrophe? Comment aider?

Chacun a sa maison; on habite à 2 kilomètres, à peine. 

Devant les difficultés, les vomissements, la faiblesse extrême, Yvon décide de vendre sa propriété et emménage avec son amour, tout en modifiant la maison de madame pour loger ses enfants.  Il est vrai qu'avec la chimio, le caractère change, la fatigue est constante...

Au fait, personne a su la sorte de cancer. Et la permission de le dire à sa mère n'a été donnée que quelques jours avant Noël à cause des malaises de Jacynthe qui auraient attiré l'attention. Il fallait voir tous les petits plats cuisinés par cette malade et le maquillage parfait; on se serait cru en présence d'une star de cinéma, tellement elle était parfaite. Quand il faut maquiller l'extérieur à ce point, il se peut que le fond soit particulièrement répugnant, dégueulasse.  

Toute lune de miel a une fin. Et la belle Cléopâtre devient une vraie mégère, susceptible, dominatrice, cachottière.

Entretemps, elle avait réussi à acheter en copropriété une maison de campagne située sur un beau terrain, près du chalet d'un de ses frères et d'une ferme de ses parents. Yvon qui avait vu sa mère dans une situation semblable, ne réalisa pas qu'il s'embarquait dans un même piège, 20 ans plus tard.

Toujours est-il que ce qui ne va pas bien, ne s'améliore pas avec le temps. Après des injures en public, du contrôle dans les rencontres avec les amis, de la comédie qui ne trompe personne, arrive la rupture. Madame, après avoir ruiné Yvon, lui laisse la maison de campagne en réclamant une supposée plus value de 12 000$.    

Difficile à vendre cette propriété dont l'eau n'est pas potable et qui a été achetée beaucoup trop chère.

Maintenant que tout est réglé, où en est rendue Mme Cancer ? Est-elle heureuse? En a-t-elle floué d'autres?  

Il est utopique d'espérer que justice soit faite sur terre!